IL EST RESSUSCITE !!!!!

Dans son évangile, Luc nous fait vivre une rencontre peu ordinaire entre Jérusalem et un petit village d’Emmaüs, distant de 11 km. Cléophas et son ami dont le nom n’est pas précisé, rentrent de Jérusalem. Ces deux disciples, ne font pas partie des 12 de la première heure. Mais s’ils sont qualifiés comme tels, c’est qu’ils suivent le Seigneur Jésus. 

Et certainement comme tous les autres, ils sont bouleversés et déstabilisés, à cause de la mort de Jésus trois jours plus tôt. Ils rentrent chez eux, découragés, consternés de ce qui vient de ce dérouler à Jérusalem. Et en chemin, c’est tout naturellement qu’ils se souviennent avec nostalgie de tout ce que Jésus avait fait et dit. Quoi de plus normal ? C’est ce qui se passe toujours lorsque l’homme est confronté à la perte d’un proche. On rassemble comme pour mieux les cultiver, tous les souvenirs de la personne disparue parce que nous savons que nous ne la reverrons plus. Et c’est ce qui produit encore un peu plus la tristesse, le désappointement voire la colère. 

Mais à la tristesse de nos deux protagonistes, s’ajoute une interrogation : – où est donc passé le corps de Jésus ? Ils mentionnent bien le témoignage de femmes, disciples elles aussi, ayant affirmé qu’elles avaient vu le tombeau vide alors qu’elles étaient venues pour embaumer son corps. Que des anges leur étaient apparus et leur avaient annoncé qu’il était vivant. A la manière dont ils parlent de cela, on ressent la peine qu’ils ont à croire le témoignage de ces femmes. Ils s’interrogent sur cette mystérieuse disparition du corps de Jésus, mais refusent d’admettre qu’Il puisse être encore vivant. Se demandent-ils si, comme les ennemis de Jésus l’avaient imaginés, que les disciples, les proches de Jésus, sont venus prendre son corps pour appuyer la thèse de la résurrection ? « Pendant qu’elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville, et annoncèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé. Ceux-ci, après s’être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, en disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions. Et si le gouverneur l’apprend, nous l’apaiserons, et nous vous tirerons de peine. Les soldats prirent l’argent, et suivirent les instructions qui leur furent données. Et ce bruit s’est répandu parmi les Juifs, jusqu’à ce jour » (Mat. 28.11-15). 

Jésus “s’approche” et vient à la rencontre de ces deux disciples pour les questionner sur le sujet de leur tristesse et de leur entretien. Sa question trouve alors sa place dans discussion et amène les disciples à réfléchir sur ce qui les attriste et mettre des mots sur leur douleur intérieure. Oser dire ce qui fait mal, n’est-ce pas la première étape du processus de “déposer ses fardeaux” ? Car Jésus rejoint les disciples dans leur problème actuel. Le Seigneur nous invite à exposer nos situations, nos incompréhensions, nos doutes et nos craintes. C’est ainsi que nous devons obéir à cette parole de Pierre : “déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous” (1 Pi.5.7). 

Les deux disciples, sans se douter une seconde qu’ils parlent à Jésus, ressuscité, racontent alors leur problème et expriment ainsi leur état d’âme, étonnés de ce que leur interlocuteur ne soit pas au courant de tout ce qui vient de ce passer. Mais Jésus n’ignore rien, bien sûr, seulement il s’intéresse à la version des faits tels que ces deux disciples l’ont vécue. Lorsque nous ouvrons à Dieu notre coeur, il sait déjà les choses, mais il veut nous les entendre dire. C’est une thérapie importante dans le processus de d’apaisement et de guérison intérieure. Comme beaucoup d’autres disciples, ils s’étaient fait une idée de la personne et de la mission de Jésus et ils l’avaient vu déjà au sommet de l’Etat. Il faut dire que par sa puissance à l’œuvre et son autorité dans ses discours, il pouvait prétendre, aux yeux des hommes, à une célébrité certaine ! Ces deux disciples en avaient pleinement conscience lorsqu’ils disent qu’ils “espéraient que ce serait lui qui délivrerait Israël”, particulièrement de la pression de l’envahisseur Romain. Ils ne se doutaient pas que la délivrance que Jésus venait d’accomplir était bien plus importante parce que destinée à tous les hommes plongés dans les ténèbres. Avec une certaine tristesse Jésus s’adresse alors à eux : “O gens sans intelligence et lents de coeur à croire tout ce qu’on dit les prophètes. Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses, et qu’il entre dans sa gloire ?” (25-26). Les paroles de Jésus n’expriment pas vraiment une critique. Au contraire, il est possible d’y voir une grande compassion pour ces disciples et un désir de les faire progresser dans Sa connaissance. Ce qui peut surprendre à la lecture de ce passage, c’est qu’ils ne reconnaissent pas Jésus. L’auteur précise que “leurs yeux étaient incapables de le reconnaître”. Humainement parlant, on peut l’expliquer de la manière suivante : Ces deux disciples, qui ne font pas partis des onze, ne s’attendent pas à le voir – il est mort depuis trois jours et semblent douter du témoignage des femmes. Les disciples, en général, avaient du mal à croire en la résurrection. Que le cœur de l’homme est dur et incrédule. Jésus, en réponse à Marthe, la sœur de Lazare, qui lui reprochait de ne pas être venu assez vite pour guérir son frère, lui dit : “Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. crois-tu cela ?” et Marthe de lui répondre : “Oui Seigneur je crois que tu es le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde” (Jn 11.25-26). Combien de fois Jésus fera remarquer à ses disciples leur incrédulité : “il apparu aux onze, pendant qu’ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité ” (Mc.16.14). 

Peinture de Jip Wijngaarden

Nous pouvons aussi imaginer que leur tristesse et leur désappointement les empêche de réaliser la présence de Jésus. Leur lucidité est peut-être faussée par la souffrance voire l’inquiétude en l’avenir. Tous les disciples ont fui et se cachent par peur d’être arrêtés et tués à leur tour. Il ne fait pas bon être disciple de Jésus à ce moment-là et l’avenir va vite le confirmer par les premières persécutions. Mais spirituellement parlant, l’expression “leurs yeux étaient incapables de le reconnaître” pourraient bien faire allusion à une intervention directe du Seigneur, afin de prendre du temps pour les instruire et les persuader, par les Ecritures, avant de les convaincre par une manifestation extérieure propre à frapper leurs sens. Cette explication me parait mieux coller au contexte, d’autant que Luc emploie à nouveau cette expression une fois que Jésus s’est manifesté comme il l’avait toujours fait avec eux, en rompant le pain : “leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent” (32a). 

La réaction des disciples éclaire un peu plus cette intention de Dieu, concernant les Ecritures : “lls se dirent l’un à l’autre : notre coeur n’était-il pas brûlant au dedans de nous, quand il nous parlait  en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?” (32b). Le Seigneur n’agit pas toujours de la manière que l’on souhaite. Mais il accompagne son enfant sans qu’il s’en aperçoive pour autant. Il le porte même s’il le faut. Et Jésus peut alors dire : – tu as une immense valeur à mes yeux. Il te reste beaucoup de choses à découvrir. A mesure que tu avanceras dans ce chemin, si tu me laisses approcher de toi, tu te rendras compte des choses merveilles que tu n’entrevois encore qu’à peine, ou que tu vois comme au travers d’un verre trouble. Mais fais-moi confiance et suis-moi. 

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