Lettre de nouvelles / quadrimestre 2025 – 2/3 – n°75

Au mois de février dernier, j’ai présenté la maquette du tabernacle dans une église avec une conférence hebdomadaire. Lors de la deuxième soirée, un événement particulier et inattendu est arrivé. Alors que je me tenais à la sortie pour saluer les frères et les soeurs, un homme m’interpelle : – est ce que c’est vous qui étiez élève au lycée J. R. à Nimes ? Cette question qui me renvoie à 45 ans en arrière, m’a littéralement donné le tournis et m’interroge : pourquoi  cette question ? Ce frère se présente alors sans plus tarder : je suis le fils de Mme M., bibliothécaire du dit lycée. A l’énoncé du nom de sa maman, des souvenirs enfouis depuis des décennies refont surface avec une émotion que j’ai de la peine à contenir.

Il faut que je vous raconte…

En septembre 1980, j’avais alors 15 ans, je suis parti à 60 kms de la maison pour faire un CAP/BEP de dessinateur industriel. C’est ainsi que j’arrivais au Lycée technique J. R. de Nîmes. J’étais interne et ne rentrais à la maison que pour le w-e. Durant cette première année, lorsque ma foi en Jésus fut connue par mes camarades de classe, des persécutions physiques et morales commencèrent. Hostiles à la foi chrétienne, quelques uns d’entres eux étaient particulièrement méchants envers moi et faisaient tout pour me déstabiliser. Mais par la grâce de Dieu je tins bon et ma foi progressa et se fortifia un peu plus chaque jour. Je réalisais combien le Seigneur était à mes côtés malgré les difficultés et parfois la peur au ventre lorsque j’arrivais en cours.

Un jour, alors que je me trouvais comme à mon habitude, à la bibliothèque du lycée, mes yeux se fixèrent sur un petit livret déposé bien en vu sur une étagère. C’était un bulletin des GBL (Groupe Bibliques Lycéens). Je connaissais très bien les GBL, puisque j’avais eu l’honneur et la joie d’avoir été élu comme ambassadeur pour tout le Sud de la France durant une année. Les camps GBL m’avaient beaucoup apporté et en particulier dans la consolidation de ma foi en Jésus-Christ. Ma surprise passée, je demandais à la bibliothécaire, Mme M. qui avait déposé ce bulletin. Sa réponse fut aussi claire que rapide : – c’est moi, dit-elle. Et elle poursuivit en m’annonçant qu’elle était chrétienne engagée et que son but était de susciter un intérêt auprès des jeunes pour leur parler de Jésus-Christ. Je me souviens alors la joie die de penser que je n’étais pas seul dans ce lycée à être disciple de Jésus-Christ ! 

Quelques mois plus tard, avec sa précieuse aide, une salle fut mise à notre disposition pour organiser un GBL dans le lycée. C’est à ce moment là que j’ai commencé à préparer des études bibliques tous les quinze jours pour qui viendrait. Et durant l’année qui suivit, un seul élève vint régulièrement écouter la Parole de Dieu. J’organisais aussi de temps en temps des rencontres où j’invitais un orateur extérieur. Cela faisait venir quelques personnes dont certains camarades de classe. Sans le savoir Dieu me préparait au ministère pastoral et itinérant. 

Vous saisissez peut-être mieux pourquoi la question de son fils m’a secouée. Sa maman ne m’avait jamais oublié. Je lui demandais alors où elle habitait et si je pouvais avoir ses coordonnées téléphoniques afin de prendre contact avec elle. Le jour qui a suivi cette soirée j’ai pu l’avoir au téléphone, et nous avons pris rendez vous. Alors que nous ne nous étions plus rencontré depuis 45 ans, lorsque nous nous sommes vus le 13 février dernier, nous sommes tombés dans les bras l’un l’autre, comme si nous nous étions quittés la veille ! L’affection spirituelle qui nous unissait alors était extraordinaire. Je vous laisse imaginez tout ce que nous nous sommes racontés et combien nombreux ont été les souvenirs de cette époque si particulière pour moi, mais aussi pour elle. Durant notre entretien, Mme M. me confia qu’elle avait vu dans ce jeune garçon de 15 ans, une motivation et un amour profond pour le Seigneur. Cela m’a touché au coeur. Et elle précisa que depuis tout ce temps, elle priait pour moi. 

Je rend grâce à Dieu pour cette belle surprise qui fait partie désormais de mes souvenirs indélébiles. 

Je remercie tous ceux qui intercèdent pour mon ministère. Je peux leur dire combien leur soutien spirituel est précieux. Que le Seigneur vous bénisse en retour.  A bientôt, peut-être au plaisir de nous croiser quelque part en France ? 


Frédéric