« Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche, soyez, au contraire, remplis de l’Esprit ». (Eph.5.:18)
L’apôtre Paul oppose deux ivresses. Deux ivresses bien différentes, celle du corps par l’excès du vin, et celle de l’âme par la plénitude du Saint-Esprit: l’une donne au corps des forces pernicieuses, une ardeur criminelle, une joie éphémère, mais produit l’oubli de Dieu et de son amour. L’autre donne à l’âme une joie durable et des forces salutaires, fait oublier le monde et ses convoitises mais donne d’entrer dans la foi au Dieu véritable.
« Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche. »
Les textes de la Bible parlent beaucoup de la vigne et du vin. Que ce soit dans l’ancienne alliance comme dans la nouvelle alliance. D’une part, elle fait partie du paysage d’Israël et d’autre part de sa culture et de ses coutumes. De nombreux avertissements sévères mettaient en garde contre le danger de l’alcool dans l’Ancienne Alliance : « malheur à ceux qui ont de la bravoure pour boire du vin et de la vaillance pour mêler des liqueurs fortes » Es.5:22.
La société dans laquelle nous vivons a depuis bien longtemps laissé volontairement Dieu en dehors de tous ses projets. La révolution technologique de ce siècle a rendu l’homme capable de construire des robots sophistiqués, d’aller explorer l’espace, etc… il n’y a donc qu’un pas pour passer de créature à créateur et d’homme à Dieu. Mais s’il occupe matériellement sa vie à créer, le coeur de l’homme n’en reste pas moins vide. Cet échec spirituel le pousse à se fabriquer des artifices qui lui feront, pense t-il en tout cas, oublier ce constat d’échec et le rassurer quand même un peu. Chômage, divorce, adultère, abandon, dépression nerveuse, etc, ne sont-ils pas des facteurs qui poussent à l’alcoolisme? L’abus d’alcool cache bien souvent une profonde détresse. L’individu cherche dans la boisson une force factice, une fausse joie et l’oubli de ses peines. Et pourtant le réveil est plus douloureux encore parce qu’en plus de la gueule de bois, rien n’a changé. Les difficultés sont toujours là, elles n’ont pas reculé d’un millimètre et narguent davantage encore.
J’ai été quelques années à la Croix Bleue, association qui vient en aide aux alcooliques et j’ai vu les dégâts que peut causer l’alcool. J’ai vu des hommes et des femmes souffrir au plus profond d’eux-mêmes à cause de leur alcoolisme, conscients de leur état et soucieux de leur dégradation, mais incapables de sortir de la dépendance de cette drogue. Car l’alcool est une drogue, et il est très difficile, comme dans toute dépendance, de s’arrêter.
Le lien de l’alcool est celui qui produit le plus de ravage parce que la sanction est immédiate. Que de vies brisées en un clin d’oeil à cause d’un excès de vin. Les sorties de boites de nuit, de café sont souvent le théâtre de vie brisées. Un tel fauché sur un passage piéton, un autre tétraplégique à cause d’un conducteur ivre. Mais tout cela vous le savez aussi bien que moi. Qu’il est difficile à l’homme de reconnaître un problème. L’obstacle majeur en est l’orgueil. Et pourtant toute guérison passe par un diagnostic et une connaissance de son mal. L’alcool n’échappe pas à cette règle.
Si l’apôtre Paul écrit aux chrétiens d’Ephèse qu’il ne faut pas s’enivrer de vin, c’est qu’il devait y avoir, en son sein, des ivrognes. Constat d’autant plus dramatique que les personnes visées par cet avertissement faisaient parties de l’Eglise et se proclamaient certainement nées de nouveaux. L’apôtre relève ce contre témoignage : « ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche » et l’oppose à la vie de l’Esprit que tout enfant de Dieu devrait rechercher : « soyez, au contraire, rempli du Saint-Esprit ». Jean Calvin a écrit : « Qu’engendre l’ivrognerie? Un débordement dissolu, en sorte que les hommes s’égaient déshonnêtement sans être retenus d’aucune bride. Au contraire qu’engendre la réjouissance spirituelle, quand nous en sommes remplis ? Des psaumes, cantiques, actions de grâces et louange de Dieu.«
L’ivresse de Dieu ne vient pas, comme généralement dans le cas de l’alcoolisme, de difficultés ou d’échecs de la vie. L’ivresse de Dieu vient de ce que l’homme réalise combien il est aimé de Lui. L’ivresse de Dieu vient de ce que l’individu a compris son pardon en Jésus-Christ. Ce pardon est une puissance qui libère la conscience si chargée et donne la paix tant recherchée. Oui, dit Paul, « Soyez, au contraire rempli du Saint-Esprit ». Le Saint-Esprit vient faire sa demeure dans le corps de celui qui croit et confesse que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Il contrôle et dirige les pensées, les sentiments, les paroles et les actes de cette personne. Ce contrôle entraîne vers la sagesse et le discernement entre le bien et le mal. Ainsi l’enfant de Dieu peut faire siennes ces paroles de l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui vit c’est Christ qui vit en moi ». Et la différence se voit !
Nous comprenons donc facilement que l’ivresse de vin a pour conséquence un manque de discernement, un laisser aller au dérèglement et à la débauche. Quant à la plénitude de l’Esprit elle a pour conséquence la compréhension de la volonté de Dieu et le désir de la suivre par un contrôle et une maîtrise de soi.
Jésus a dit à ses disciples : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure près de vous et qu’il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous » (Jn14.16-18).